Balint Liberman revient sur son semestre à Chicago


Balint n’avait pas la majorité américaine, pas le permis. Peu importe. Car à Chicago, il a consolidé sa passion pour l’urbanisme, fêté le succès de l’équipe de baseball locale, et tracté pour Hillary. Retour sur un semestre d’échange US.
 
 

Quel cursus suis-tu actuellement ?


Je suis arrivé à l’université aussitôt après mon bac. Je suis inscrit à Paris 8 en double licence, Histoire et Science politique. Je termine actuellement ma troisième année, entamée par un premier semestre à Chicago à partir d’août 2016. Il est généralement plus pratique de partir en début d’année, car le dossier doit se préparer un an à l’avance. Je l’ai constitué avec le bureau mobilité du service des relations internationales, et soutenu auprès de la MICEFA (Mission Interuniversitaire de Coordination des Echanges Franco-Américains), organisme partenaire de Paris 8, en charge d’orienter les étudiants et d’écrémer les candidatures.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de partir étudier à l’étranger ?


Je savais en arrivant à Paris 8 qu’il était possible de profiter d’une mobilité étudiante, et déjà je songeais à saisir cette opportunité. D’une part parce que cela permet de valider un semestre intégré dans le cursus et d’autre part parce que le cadre organisationnel et le soutien institutionnel ont rendu le départ financièrement possible. J’ai pu bénéficier d’aides conséquentes de la part du Ministère (bourse AMI - Aide à la Mobilité Internationale, bourse du Conseil Régional d’Ile-de-France) ainsi que de l’ambassade des Etats-Unis en France (bourse Lafayette). C’est une camarade plus âgée qui m’a transmis cette envie lorsqu’elle effectuait ses démarches pour changer de continent. Je me suis lancé pour l’expérience, tout en sachant que cela serait un plus sur mon CV.

Dans quel état d’esprit es-tu parti ?


Les démarches étant longues et sélectives, je suis parti avec le souhait d’en profiter. J’étais plutôt excité puisque c’était mon premier voyage hors de l’Europe. Dès mon arrivée, j’ai choisi de louer un logement sur le campus – c’est certes plus onéreux, mais c’est également plus pratique lorsqu’on ne reste qu’un semestre. Je conseille aux étudiants de s’intéresser en amont à la ville et à l’environnement de l’université. Comme je ne possède pas le permis, j’ai opté pour une zone urbaine, correctement desservie par les transports en commun. Je n’aurais peut-être pas pu me retrouver au fin fond du Kentucky. Il faut donc partir en ayant conscience de la diversité territoriale du pays d’accueil, et se décider ensuite selon ses critères. 
J’ai réalisé en arrivant qu’un océan me séparait de ce que je connaissais : c’est très stimulant. Il règne une très bonne ambiance sur les campus américains, et dès les premiers jours beaucoup d’événements facilitaient l’intégration des nouveaux étudiants et étudiants internationaux. Il y a donc un véritable suivi – les universités coûtent très chers aux Etats-Unis, cela explique en partie le déploiement de tels moyens. Pour ma part, je ne possédais pas la majorité américaine : je ne pouvais donc pas acheter de tabac, ni d’alcool, ni même fréquenter un bar qui vende des boissons alcoolisées (même pour y boire un café !). Ce sont, entre autres, des choses à savoir pour ne pas avoir d’ennuis… Il y a bien sûr un côté plus attractif, l’offre culturelle est très dense – festivals, musées, concerts… –, la ville est grande, étalée…

Justement, la ville t’a plu ?


C’était génial. Malgré mon inscription dans un cursus histoire et science politique, j’aspire à travailler dans l’urbanisme. De ce point de vue, Chicago a représenté un objet d’étude incroyable ! J’ai pu conforter ma passion. Sans doute biaise-t-elle légèrement mon objectivité. Pour un francilien, c’est un dépaysement sans l’être. Le gigantisme en plus.

Certains lieux te restent-ils particulièrement en mémoire ?


Tout d’abord mon campus : on y vit, étudie, sort… Il existe chez les américains un fort sentiment d’appartenance à leur université. Les services sont très développés, le site a sa propre police. C’est donc une ville en soi, à deux stations de métro du reste de la ville. Forcément, le centre et ses gratte-ciels sont emblématiques de la représentation que les étrangers se font de Chicago. On n’échappe pas à la Willis Tower et à ses deux antennes, mondialement connues, ou au Millenium Park, où Obama a prononcé son discours après sa victoire électorale en 2008. La ville est également très cosmopolite. Il existe un quartier italien, grec, mexicain, j’en passe, avec leurs restaurants et commerces ethniques.

Et au niveau culturel ?


Il y a énormément de choses à faire. Par exemple, j’ai participé peu après mon arrivée à « Open house Chicago » – un peu l’équivalent des journées du patrimoine en France. Des lieux hors du commun et/ou à l’accès habituellement restreint sont ouverts au public. Ensuite, je me suis trouvé là-bas pendant une période d’effervescence sportive inouïe. L’équipe de rugby des All Blacks jouait contre l’Irlande en novembre, l’équipe de football des Chicago Fire jouait tous les mois, l’équipe de baseball des Chicago Cubs a remporté le championnat américain cette année… ! La ville attendait cette victoire depuis cent-huit ans. Une marée humaine a déferlé sur la ville pour fêter ça. Je suppose que chaque ville américaine renferme ses richesses, et qu’il y a toujours une occasion de profiter de belles surprises.
Enfin, j’étais sur place pendant les élections présidentielles. Je me suis investi dans la campagne d’Hillary Clinton. Je suis allé en Iowa en car pour faire du porte à porte... C’est un souvenir mémorable. De manière générale, lorsque j’ai souhaité m’engager dans une activité, il me suffisait d’envoyer un email. C’est plus compliqué pour trouver un emploi, mais de toute façon je n’avais pas le temps.

Quel était ton niveau d’anglais avant de partir ?


J’avais un assez bon niveau d’anglais. De toute façon, l’obtention du TOEFL est obligatoire pour partir. Heureusement, l’université Paris 8 propose des cours de préparation au concours. Cela m’a beaucoup aidé, et je pense que c’est une chance que de pouvoir s’améliorer par ce biais. Il faudrait que tous les étudiants aient connaissance de ces modules !

Es-tu resté en contact avec des gens rencontrés à Chicago ?


Tout à fait, j’ai désormais des amis européens, sud-américains, américains… Je prévois déjà de repartir à Chicago dans le cadre du stage de fin d’études de mon M2, et pourquoi pas, à terme, m’installer là-bas.

Comment s’est déroulée ton acclimatation aux cours ?


La pédagogie est très différente. La charge de travail est conséquente, notamment avant les cours : il faut lire beaucoup, préparer des exercices, etc. Cela demande une implication continue. Néanmoins, je pense qu’un étudiant à l’aise et intéressé par le contenu de ses cours en France n’aura pas de difficultés une fois à l’étranger. J’ai même retrouvé là-bas l’esprit engagé et contestataire de Paris 8…

As-tu réussi à te déplacer hors de Chicago ?


Cela n’est pas si simple que ça. L’Amérique est vaste et les trajets relativement chers. Dans mon cas, le suivi d’une double licence laissait peu de temps libre. Je pense que cela doit se préparer en amont. Je regrette de n’avoir pas pu voyager davantage. D’autant que les connivences se créent rapidement avec les autres étudiants, il ne faut pas s’inquiéter de ne pouvoir trouver personne avec qui visiter… Je conseillerais presque aux timides de partir à l’étranger ! L’accueil fonctionne comme un libérateur, et conduit à dépasser ses appréhensions.

Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience ?


Cela m’a conforté dans mes orientations, notamment dans mon goût pour l’urbanisme. Une telle aventure « décloisonne ». Il est salvateur de comprendre qu’il existe différentes manières d’appréhender le savoir. Mon mémoire de cette année porte d’ailleurs sur les dynamiques urbaines de ségrégation, à partir de l’exemple de la ville de Chicago. Ensuite, je pense avoir beaucoup appris sur moi-même car j’ai habité seul pour la première fois de ma vie. Enfin, Chicago marque une étape incontournable dans mon cursus universitaire : c’est à la fois l’aboutissement de ma licence, et le déclencheur de nouvelles opportunités. Professionnellement et humainement, je me sens fort d’horizons impensables avant. Au-delà du CV, l’investissement vaut largement la peine. Il faut évidemment réfléchir avant au sens qu’on donne à l’échange. Le discours devant la MICEFA n’en sera que plus pertinent. Et il ne faut surtout pas s’interdire de partir en invoquant la préparation des concours. La preuve, j’ai réussi à combiner les deux !
 
Entretien réalisé par le service communication.

Balint n’avait pas la majorité américaine, pas le permis. Peu importe. Car à Chicago, il a consolidé sa passion pour l’urbanisme, fêté le succès de l’équipe de baseball locale, et tracté pour Hillary. Retour sur un semestre d’échange US.

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