L’éclatement de la ville sur les campagnes ? Les recompositions du rapport urbain-rural dans les mobilités de loisirs en Chine au début du XXIe siècle



Mis à jour le 7 décembre 2010
Journée d’études organisée dans la cadre du Pôle Ville de l’université Paris 8, en partenariat avec le Centre d’Etudes sur la Chine Moderne et Contemporaine (CECMC-UMR 8173 Chine Corée Japon EHESS-CNRS) et le Pôle de Recherches pour l’Organisation et la Diffusion de l’Information Géographique (PRODIG-UMR 8686/Paris-1 Panthéon-CNRS)
 
Lundi 6 décembre 2010
De 9h15 à 18h00
Bâtiment A, salle 2278 (service de la recherche)
 
Programme de la journée d’études

 
Si l’on admet que la pratique du tourisme est « une des caractéristiques qui définissent l’homme moderne », le tourisme, envisagé comme lieu d’une expérience concrète de la modernité, offre « la métaphore succincte » à partir de laquelle appréhender la modernité chinoise. Ce postulat d’une relation entre tourisme et modernité doit être reposé à la lumière des situations locales en mutation dans une « Chine en mouvement » profondément remodelée par l’essor des mobilités contemporaines du travail et d’agrément.
Les mobilités de loisirs sont un important vecteur d’une modernité qui impose un regard urbain sur les lieux fréquentés temporairement. Durant les premières décennies qui ont marqué l’envol de l’activité touristique en Chine au début des années 1980, l’approche du tourisme dans les travaux de sciences sociales (principalement en anthropologie et géographie) a surtout porté sur les dynamiques identitaires à l’œuvre dans les lieux du « tourisme ethnique », dans les régions des nationalités minoritaires, particulièrement celles du sud-ouest. La saillance du rôle de l’Etat dans la production des « cultures » réifiées des « minorités ethniques » engageait en effet à mettre au centre de l’observation et de l’analyse les lieux par excellence de la mise en scène de ces « altérités internes ».
 
Cette mise en tourisme des ethnicités minoritaires informe souvent davantage sur les représentations du groupe dominant, porté par une quête d’exotique par laquelle confirmer sa centralité politique et culturelle dans la définition de la nation chinoise moderne.
Cette journée d’étude invite à poursuivre la réflexion sur le rôle des mobilités du tourisme dans la construction d’une « expérience chinoise de la modernité » qui recompose les paysages, réels et imaginaires, de l’urbanité et de la ruralité selon des modes inédits. La « ville » et la totalité des expériences et des images qui lui sont associées, sont devenues le signifiant conquérant d’une condition moderne chinoise contemporaine. L’essor des mobilités touristiques produit « un éclatement de la ville sur les campagnes » qui, sans abolir les distances entre les deux, rogne l’opposition radicale et arbitraire issue des expériences du siècle dernier.
Comme toute destination touristique, la « campagne » fréquentée dans le cadre des mobilités de loisirs est un lieu inventé, re-dessiné par les imaginaires et les attentes de visiteurs pour l’essentiel en provenance des zones urbaines. Les formes de la rencontre entre le rural et l’urbain qui se construit dans le temps et l’espace de la fréquentation touristique des lieux (re)façonnés pour la consommation touristique doivent être examinées, particulièrement dans les nouveaux sites où se réalisent ces « désirs d’ailleurs » (campagne, montagne, bord de mer etc.)
Pour les urbains de la Chine en transition depuis le début des réformes de la fin des années 1970, le rural, sous ses formes localisées diverses, fut longtemps (et le demeure) synonyme de pauvreté, d’un style de vie arriéré.
 
Le développement des flux touristiques encouragés par le développement et le réaménagement du temps des loisirs depuis la fin des années 1990 (re)conduit désormais son lot, chaque année plus nombreux, d’ « urbains » vers des espaces ruraux réaménagés et offerts à la fréquentation touristique sous les étiquettes de « tourisme rural », de « tourisme vert », « bleu », « blanc », « d’écotourisme », de « tourisme environnemental » et d’un « tourisme rouge » aux accents patriotiques. Ces mots nouveaux résonnent comme autant d’espoirs d’expériences inédites qui inscrivent les acteurs sociaux dans le « monde (ré)enchanté » du tourisme, lieu d’une expérience de la modernité partagée à l’échelle universelle.
 
 
Organisation et contact :
Béatrice DAVID, anthropologue, maître de conférences au département de
sociologie (UFR HLS) de l’université Paris 8, chercheuse associée au
Centre d’Etudes sur la Chine Moderne et Contemporaine (CECMC) : bdavid@univ-paris8.fr

Événements passés

6 décembre 2010 : 16h21 - 17h21

Affiche de la journée d'études Journée d’études organisée dans la cadre du Pôle Ville de l’université Paris 8, en partenariat avec le Centre d’Etudes sur la Chine Moderne et Contemporaine (CECMC-UMR 8173 Chine Corée Japon EHESS-CNRS) et le Pôle de Recherches pour l’Organisation et la Diffusion de l’Information Géographique (PRODIG-UMR 8686/Paris-1 Panthéon-CNRS)
Salle A 2278

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