Séminaire du LADYSS-PARIS 8 / Séminaire de recherche du Master de Géographie de Paris 8

Sofia Cevallos et Aline W. Sulzbacher


Cette demi-journée de séminaire est organisée autour de deux interventions :
  • Luttes socio-environnementales et droits territoriaux : contributions du peuple Kichwa de l’Amazonie équatorienne
  • Conflits territoriaux, grands projets de développement et violences de genre au Brésil

Luttes socio-environnementales et droits territoriaux : contributions du peuple Kichwa de l’Amazonie équatorienne


Intervenante  : Sofia Cevallos (UMR Ladyss)
 
Depuis le début des années 2000, l’Amazonie équatorienne traverse par une période marquée par une augmentation des activités extractives -notamment pétrolières et minières-, dans des territoires majoritairement habités par des peuples autochtones. Les inégalités extrêmes, la violence et la destruction des moyens de subsistance matériels et spirituels font partie des effets de ces activités développées au détriment des droits des peuples autochtones et des droits de la nature inscrits dans la Constitution de l’Équateur en 2008. Dans ce contexte d’éruption violente du modèle néolibéral, les conditions de vie des femmes et des filles autochtones ont subi un impact particulier, en raison d’une « hypermasculinisation » des relations sociales qui accompagne les activités extractivistes. À partir d’une ethnographie réalisée auprès du peuple Kichwa entre 2021 et 2022, cette présentation aura deux objectifs : 1. Étudier les effets de l’extractivisme sur la vie des femmes amazoniennes ; 2. Mettre en évidence les manières dont ces femmes mobilisent actuellement le discours sur les droits et le cadre juridique national et international relative aux peuples autochtones pour faire face aux menaces de l’extractivisme, déstabilisant les discours libéraux sur l’individu, sur les territoires et sur le développement qui prédominent dans le domaine de la justice nationale.

Conflits territoriaux, grands projets de développement et violences de genre au Brésil


Intervenante : Aline W. Sulzbacher (Universidade Federal dos Vales do Jequitinhonha e Mucuri - UFVJM)
 
Le fleuve brésilien Jequitinhonha, qui s’étend sur près de mille kilomètres de sa source à son embouchure, de la municipalité de Serro (Minas Gerais) à celle de Belmonte (Bahia), a été exploité depuis la période coloniale pour l’extraction d’or, de diamants et de pierres précieuses, une extraction marquée par le génocide des peuples indigènes. Malgré cela, ces communautés ont résisté en élaborant des stratégies de survie et en créant des modes de vie et des dynamiques territoriales uniques. Les interventions de l’État du Minas Gerais ont commencé dans les années 1950, avec la création de la région Vale do Jequitinhonha pour l’installation de projets de développement régional tels que les monocultures d’eucalyptus, les barrages hydroélectriques et l’exploitation minière. En 2023, le gouvernement de cet Etat a créé la région "Vale do Lítio" (vallée du lithium), qui regroupe 14 municipalités possédant des réserves de lithium. Ces processus actualisent le rôle que cette région occupe dans la division internationale du travail et continuent d’être marqués par la violence et l’expropriation, en même temps que les fronts de résistance se constituent pour s’opposer à la logique du développement moderne colonial en se fondant sur des références telles que le paradigme du bien-vivre et en proposant des façons alternatives de relier la société et la nature. Dans ce contexte, l’action des femmes en particulier a été significative, notamment pour exiger la défense des territoires, le droit à une vie digne et les droits de la nature.

Contact : hugo.pilkington@univ-paris8.fr

Événements passés

11 avril 2024 : 09h30 - 11h30

Lieu : Bâtiment D - Salle D008

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