Colloque - Plus d’une discipline : actualité de La vie la mort


Mis à jour le 27 septembre 2021

Ces trois journées se proposent d’explorer la portée philosophique et interdisciplinaire du séminaire de Jacques Derrida La vie la mort publié en 2019 (Seuil, coll. « Bibliothèque Derrida »). Elles s’inscrivent dans le travail du groupe de doctorants, post-doctorants et chercheurs Lire-Travailler, Derrida qui se réunit depuis 2013 pour mener une étude en commun des textes derridiens, notamment des séminaires en cours de publication depuis 2008. Ces journées associeront des chercheurs et des lecteurs de Derrida de différentes disciplines en vue d’explorer les thématiques diverses de La vie la mort.
 
Le séminaire La vie la mort a été dispensé par Jacques Derrida au cours de l’année universitaire 1975-76 à l’École Normale Supérieure en vue de la préparation à l’Agrégation de philosophie. Derrida y développe une réflexion sur les fondements philosophiques de la biologie contemporaine (François Jacob) à partir d’un questionnement pluriel qui relie des penseurs majeurs et différents textes décisifs dans son parcours (Hegel, Nietzsche, Freud, Heidegger, Canguilhem, Blanchot). Derrida révèle la nature profondément inter-, voire transdisciplinaire, des questions touchant aux sciences de la vie et à la logique du vivant, aux modèles de la production et de la re-production, à la croyance dans la possibilité de dépasser la métaphore au moyen du concept, tout en réfléchissant à la problématique de la division des disciplines et à celle de la reproduction des institutions.
 
Au-delà de mettre au jour la nécessité d’un dépassement du cloisonnement disciplinaire, par sa lecture minutieuse des textes de différents héritages Derrida révèle les présupposés idéologiques de ces derniers selon un geste qui s’explicite dans La vie la mort de façon exemplaire. Ici comme ailleurs, il développe une approche profondément critique à l’égard des savoirs et des institutions, ainsi que des éléments du langage (comme « programme », « production », etc.) qui constituent les discours contemporains, afin de penser la contamination entre les champs et la façon dont le chercheur peut, voire, ne peut que s’engager en y mêlant sa vie, sa signature, et son corps même. En thématisant la problématique du texte, Derrida montre comment la démarche scientifique et philosophique relève d’une politique institutionnelle : comment le chercheur, l’enseignant ou le philosophe pourraient-ils signer et contresigner en leur nom, comme Nietzsche l’aura fait, sans pour autant comme lui se retirer de l’université ? En effet, Derrida complique son geste en pensant une force de contamination qu’il exerce au sein même de l’institution (l’ENS) dans laquelle il enseigne.
 
Ce séminaire nous semble répondre, entre autres problèmes, à celui que le médiatique philosophe des sciences Étienne Klein soulève aujourd’hui dans Le goût du vrai (Tracts n°17, Gallimard, 2020) : celui d’un monde qui aurait produit un schisme entre science et plaisir, avant qu’il ne se demande et affirme très justement : « Comment élargir la rationalité pour qu’elle devienne généreuse, poétique, excitante, contagieuse ? Comment excéder l’application du seul critère d’exactitude ? Ces défis sont précisément ceux que nous, scientifiques, n’avons pas su relever. » La vie la mort rebat aussi les cartes entre le champ de la psychanalyse, relue à travers une problématique de la textualité, et celui des sciences, champs qui semblent a priori dissociés.
 
Ces journées, qui clôturent notre travail de lecture collective de La vie la mort, visent à prolonger aujourd’hui le geste de Derrida en croisant le regard de la philosophie avec celui des disciplines scientifiques, artistiques et autres, presque cinquante ans plus tard, dans un contexte où les sciences du vivant elles-mêmes ont débordé l’opposition entre la vie et la mort, et où les champs disciplinaires semblent dialoguer davantage entre eux (Stiegler, Malabou, etc.). Il s’agira aussi de mettre ces « avancées » à l’épreuve de ce séminaire qui aura peut-être pris quelques pas d’avance sur certaines de ces élaborations nouvelles.

Organisation

Organisateurs

  • Giustino De Michele
  • Marta Hernandez Alonso
  • Elias Jabre
  • Alžbeta Kuchtová
  • Alejandro Orozco Hidalgo
  • Juan Evaristo Valls Boix

Salle MR 002, Maison de la recherche
Université Paris 8

Affiche
Programme

Événements passés

9 octobre 2021 : 09h30 - 18h00

Troisième journée
8 octobre 2021 : 09h30 - 18h00

Deuxième journée
7 octobre 2021 : 09h30 - 18h00

Première journée

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