Journée d’étude - Images de l’avenir / Avenir des images


Mis à jour le 13 juin 2022

En 2002, quand Jacques Rancière interroge « le destin des images », il invite à réfléchir aux liens entre les mots et l’image, à l’aune des changements statutaires contemporains et des transformations subies par cette dernière. L’image, qu’elle se dise, se pense ou se voit, n’est pas simplement opposée à la réalité. Le philosophe se penche donc sur les rapports entretenus entre l’image et la réalité, ainsi que sur le lien des images au visible et à l’invisible, au visible et au dicible.
 
Vingt années plus tard, les images prolifèrent sous des formes toujours plus diverses et hétérogènes, le virtuel ne se conçoit plus comme un espace distinct ni une coupure avec le réel, et le règne de l’image est désormais celui d’une image aux frontières brouillées entre artistique et industriel, documentaire et fictionnel, informationnel et publicitaire, social et familial, contestataire et conventionnel. Si bien que la question des rapports entretenus par l’image à la visibilité et à la signification doit être reposée à présent, afin de réévaluer le régime actuel de l’image, pour comprendre non seulement ce qu’elle est, mais aussi ce que l’on fait à l’image. Par exemple, les NFT – les jetons non fongibles qui permettraient notamment de garantir l’unicité d’une œuvre – promettent à chacun de devenir non pas propriétaire d’une image, mais du lien à une image, et le primat des discours sur les métavers comme futur de l’humanité engage nécessairement un nouveau paradigme de l’image, du fait qu’il s’agit d’un web immersif qui se veut une réalité alternative faite de mondes numériques persistants. L’image en est le véhicule, on y entre par elle grâce à la réalité virtuelle, et l’image de chacun – en tant qu’avatar – aura un destin propre : expérientiel, du concert en passant par les achats ou les voyages ; relationnel, notamment dans le cadre de rencontres amoureuses ; jusqu’au social et au politique, les mouvements sociaux et les manifestations y trouveront certainement un souffle contestataire nouveau.
 
Les écrans, de surcroît connectés, sont les pourvoyeurs privilégiés d’un pouvoir de l’image, qui se distribue entre le visible et l’invisible, qui trouble la limite entre réel et irréel, réalisation et déréalisation. En conséquence, le fait que l’écran « n’est pas un espace fictif » mais « le lieu de la fiction », ainsi que l’écrit Marie-José Mondzain, nécessite de reconsidérer la dialectique entre réel et fiction. En effet, cette contradiction contemporaine est également porteuse de la promesse des difficultés d’évaluation du réel à l’avenir.
 
L’objectif de cette Journée d’étude est d’une part de penser le régime esthétique actuel qui prépare l’image qui vient, d’autre part d’envisager le régime esthétique futur qui conditionne déjà le présent, entre contenu informatif et évolution technique, entre responsabilité éthique et création. Cela, afin d’envisager l’avenir des images et les images de l’avenir, ce que sera le statut des images à l’avenir et ce que ce statut pourrait faire aux représentations à l’avenir et de l’avenir.

Organisation

  • François Soulages (EPHA)
  • Agathe Lichtensztejn (EDESTA)

Inscription à la visioconférence par mail à img.avnr@gmail.com

Programme Journée d’étude - Images de l’avenir / Avenir des images

Événements passés

16 juin 2022 : 09h15 - 18h00

Lieu : En ligne

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