Séminaire - Discuter-traduire Rêver sous le IIIème Reich de Charlotte Beradt

Mis à jour le 7 décembre 2020
Les chercheur·se·s du Centre d’études Périphéries Épistémologiques de l’Université nationale de Rosario présentent les recherches effectuées au cours d’une année et demie d’une démarche collective de lecture et de traduction de l’ouvrage de Charlotte Beradt, Rêver sous le IIIème Reich, ainsi qu’une archive de récits de rêves collectés durant la période de la pandémie de Covid-19.
Lorsque nous avons entendu parler de ce livre, nous nous sommes immédiatement demandé pourquoi il n’’en existait pas de version espagnole et pourquoi la traduction de ce livre dans notre langue tardait. Rêver sous le IIIème Reich a paru initialement en allemand en 1966, deux ans plus tard en anglais, et seulement en 1991 en italien. Il a été traduit en français en 2002 et, plus d’une décennie plus tard, en croate (2015) et en portugais (2017). Il est certainement surprenant que plus d’un demi-siècle après sa première publication, la traduction en espagnol n’ait pas été entreprise jusqu’à aujourd’hui, compte tenu du fait que l’intérêt intellectuel et social du public hispanophone pour les sujets abordés ici est considéré comme allant de soi. Au-delà des élucubrations que nous avons pu en tirer, et compte tenu du fait que la tâche était encore à accomplir, nous avons décidé de nous mettre au travail.
D’autre part, cette tâche a eu dès le début une orientation vers l’élaboration collective. À différents moments de notre travail, nous avons ouvert le processus de travail à une discussion de groupe dans le but de vérifier la lisibilité de la traduction et avec l’intention d’arriver à un texte qui prendrait en compte les suggestions et les points soulevés par les autres lecteurs. Nous pensons qu’à travers ces différentes instances, nous avons mis en jeu quelque chose de la condition humaine de la pluralité, qui d’une certaine manière contrecarre la tendance à la fragmentation et à l’isolement qui affecte souvent le travail intellectuel.
En ce qui concerne les résonances avec notre temps présent, nous considérons que l’un des aspects significatifs du travail de Beradt est de nous avoir montré que les "fables politiques" imaginées sous le Troisième Reich contiennent des informations sur l’environnement des rêveurs, mais aussi des avertissements sur ce qui peut arriver si nous ne réagissons pas à temps. L’un des résultats les plus frappants de la collecte méthodique et urgente de récits de rêves dispersés dans un milieu qui déchire violemment l’espace entre les êtres humains, est sans doute celui d’avoir constitué une "communauté de rêveurs" qui a mis l’œil de la nuit là où la veillée l’aveuglait, signalant en rêve l’effondrement de la vie privée qui s’annonçait. En fait, dans les histoires oniriques que Beradt nous rapporte, le pli que tout sujet fait du monde environnant est configuré et développé, de sorte que les rêves sont porteurs de connaissances auxquelles le sujet éveillé ne peut accéder. Avec l’avancée des médias de propagande dans la sphère intime, la capacité critique du sujet par rapport à ce qui se passe dans son monde environnant est nettement diminuée. La manière dont la réalité est construite est intensément conditionnée par ces conditions. Si ces "fables politiques" trouvent un sens actuel, c’est peut-être dans le fait de montrer que les groupements humains ont diverses manières d’alerter la catastrophe, dont l’une est celle d’écouter ce que le monde des rêves, comme "sismographe" des catastrophes politiques en statut nascendi, a à dire.
Lorsque nous avons entendu parler de ce livre, nous nous sommes immédiatement demandé pourquoi il n’’en existait pas de version espagnole et pourquoi la traduction de ce livre dans notre langue tardait. Rêver sous le IIIème Reich a paru initialement en allemand en 1966, deux ans plus tard en anglais, et seulement en 1991 en italien. Il a été traduit en français en 2002 et, plus d’une décennie plus tard, en croate (2015) et en portugais (2017). Il est certainement surprenant que plus d’un demi-siècle après sa première publication, la traduction en espagnol n’ait pas été entreprise jusqu’à aujourd’hui, compte tenu du fait que l’intérêt intellectuel et social du public hispanophone pour les sujets abordés ici est considéré comme allant de soi. Au-delà des élucubrations que nous avons pu en tirer, et compte tenu du fait que la tâche était encore à accomplir, nous avons décidé de nous mettre au travail.
D’autre part, cette tâche a eu dès le début une orientation vers l’élaboration collective. À différents moments de notre travail, nous avons ouvert le processus de travail à une discussion de groupe dans le but de vérifier la lisibilité de la traduction et avec l’intention d’arriver à un texte qui prendrait en compte les suggestions et les points soulevés par les autres lecteurs. Nous pensons qu’à travers ces différentes instances, nous avons mis en jeu quelque chose de la condition humaine de la pluralité, qui d’une certaine manière contrecarre la tendance à la fragmentation et à l’isolement qui affecte souvent le travail intellectuel.
En ce qui concerne les résonances avec notre temps présent, nous considérons que l’un des aspects significatifs du travail de Beradt est de nous avoir montré que les "fables politiques" imaginées sous le Troisième Reich contiennent des informations sur l’environnement des rêveurs, mais aussi des avertissements sur ce qui peut arriver si nous ne réagissons pas à temps. L’un des résultats les plus frappants de la collecte méthodique et urgente de récits de rêves dispersés dans un milieu qui déchire violemment l’espace entre les êtres humains, est sans doute celui d’avoir constitué une "communauté de rêveurs" qui a mis l’œil de la nuit là où la veillée l’aveuglait, signalant en rêve l’effondrement de la vie privée qui s’annonçait. En fait, dans les histoires oniriques que Beradt nous rapporte, le pli que tout sujet fait du monde environnant est configuré et développé, de sorte que les rêves sont porteurs de connaissances auxquelles le sujet éveillé ne peut accéder. Avec l’avancée des médias de propagande dans la sphère intime, la capacité critique du sujet par rapport à ce qui se passe dans son monde environnant est nettement diminuée. La manière dont la réalité est construite est intensément conditionnée par ces conditions. Si ces "fables politiques" trouvent un sens actuel, c’est peut-être dans le fait de montrer que les groupements humains ont diverses manières d’alerter la catastrophe, dont l’une est celle d’écouter ce que le monde des rêves, comme "sismographe" des catastrophes politiques en statut nascendi, a à dire.
- Soledad Nívoli, Psychologue, titulaire d’un Master de Littérature argentine et d’un Doctorat en Sciences Politiques (UNR). Directrice du CEPE et de la Bibliothèque Ouverte « La Cita Rosa ». Enseignante et Maître de conférences de premier et deuxième cycles à l’UNR et à l’IUNIR.
- Leandro Levi, Psychologue et journaliste. Membre de l’École de Psychanalyse R’si. Traducteur de l’allemand. Enseignant et Maître de conférences à la Faculté de Psychologie à l’UNR.
- Sofia Payaro, ancienne étudiante en Psychologie de l’IUNIR (2017-2019). Titulaire d’une bourse au mérite académique attribuée par l’établissement-là au cours de cette période. Résidente en France depuis un an, actuellement étudiante de la 3e année de la Licence de Psychologie à l’Université de Strasbourg.
- Lucia Brienza, Psychologue et Historienne (UNR). Titulaire d’un Doctorat en Sciences Humaines et Arts : mention Histoire (UNR). Ancienne boursière doctorale et postdoctorale du CONICET. Enseignante et Maître de conférences de premier cycle et deuxième cycle à l’UNR et à l’IUNIR.
- Flavia Castro, Psychologue (UNR). Enseignant et Maître de conférences de premier cycle à la Faculté de Psychologie à l’UNR et l’IUNIR.
- Victoria Farruggia , étudiante en psychologie de l’IUNIR. Technicienne en Réalisation Audiovisuelle à l’Université Ouverte Inter-Américaine (UAI). Elle a travaillé comme caméraman, éditrice, actrice et productrice pour des entreprises et sociétés de production à Rosario. Assistante de la chaire de Rhétorique à l’IUNIR. Étudiante de français à l’Alliance Française de Rosario.
Intervenants :
– Soledad Nívoli
– Leandro Levi
– Sofia Payaro
– Lucia Brienza
– Flavia Castro
– Victoria Farruggia
Séance en espagnol et en français.
Traduction de la séance : Sofia Payaro, Carlos Pérez López, Julie Alfonsi, Magdalena Brand.
Séminaire libre d’études politiques 2020-2021
Rêver l’archive (l’archive entre politique, poétique et violence de l’histoire)
Organisation :
– CEPE-Université de Rosario
– LLCP-Université Paris 8
– Groupe d’études transglobales

Pour en savoir plus : https://llcp.univ-paris8.fr/?seminaire-rever-l-archive-jeunes-chercheur-e-s-2020-2021
Événements passés
10 décembre 2020
: 19h00
- 22h00
Visioconférence
Adresse de la visioconférence : https://us02web.zoom.us/j/9161253275