Rencontre avec Michael Haneke
Mis à jour le 7 juin 2012
Dans le cadre de SUPER 8, l’année du cinéma, Michael Haneke, cinéaste, scénariste et metteur en scène autrichien, reçoit le titre de Docteur Honoris Causa.
Vendredi 11 mai 2012
Amphi X
Au programme :
Michael
Haneke est un cinéaste, scénariste et metteur en scène autrichien né en
1942. Il suit des études de philosophie, de psychologie et d’art
dramatique à Vienne dans les années 60, avant de devenir critique de
cinéma puis metteur en scène de théâtre et enfin réalisateur pour la
télévision et le cinéma. Figure majeure du cinéma européen, Michael
Haneke est un artiste qui possède pleinement la maîtrise d’un art et
d’une œuvre résolument tournés vers la psychologie du spectateur. Son
œuvre éminemment réflexive et autoréflexive constitue une source
d’inspiration importante pour la recherche universitaire sur le cinéma,
dans ses enjeux théoriques et sociétaux.
En 2000, il réalise Code inconnu, avec Juliette Binoche, qui confirme l’ambition de Michael Haneke de mettre le spectateur au cœur de ses procédés cinématographiques. Comme l’indique le titre, le film demande la participation active du spectateur auquel est présenté un puzzle narratif dont il doit déchiffrer lui-même le sens pour en regrouper les pièces. Film simulacre, Code inconnu approfondit la question de la difficulté de communication entre les êtres et pour chacun de trouver sa place dans la société.
En 2005, avec Caché, Michael Haneke retrouve Juliette Binoche pour un autre film qui, comme Code inconnu, repose sur le mystère et l’occultation de son propre sujet, qui est comme « caché » : les fantômes de la guerre d’Algérie. Le film recoupe ainsi formellement une sorte de déni social et d’enfouissement de la mémoire historique de la société française à l’égard de son passé colonial.
Pour en savoir plus sur l’année du cinéma : www.cinema2012.univ-paris8.fr
Vendredi 11 mai 2012
Amphi X
Au programme :
- 09h00 : projection du film Caché (2005)
- 11h00 : rencontre avec Michael Haneke en présence de :
- Michel Cieutat, critique de cinéma
- Philippe Rouyer, critique de cinéma
- 12h00 : remise du titre de Docteur Honoris Causa
- 12h30 : cocktail
Michael
Haneke est un cinéaste, scénariste et metteur en scène autrichien né en
1942. Il suit des études de philosophie, de psychologie et d’art
dramatique à Vienne dans les années 60, avant de devenir critique de
cinéma puis metteur en scène de théâtre et enfin réalisateur pour la
télévision et le cinéma. Figure majeure du cinéma européen, Michael
Haneke est un artiste qui possède pleinement la maîtrise d’un art et
d’une œuvre résolument tournés vers la psychologie du spectateur. Son
œuvre éminemment réflexive et autoréflexive constitue une source
d’inspiration importante pour la recherche universitaire sur le cinéma,
dans ses enjeux théoriques et sociétaux.
Après
plusieurs téléfilms remarqués au cours des années 70 et 80, Michael
Haneke signe un premier long-métrage de cinéma en 1989 avec Le Septième Continent, premier volet de sa trilogie de la « glaciation émotionnelle » ("emotionale Vergletscherung"),
qui manifeste sa capacité à saisir les ressorts de la violence dans la
société contemporaine et sa dérive vers une forme de déshumanisation des
rapports sociaux jusque dans le cercle familial.
La trilogie de la « glaciation » se poursuit avec Benny’s Video (1992) et 71 fragments d’une chronologie du hasard
(1994), sélectionnés à la Quinzaine des Réalisateurs. Inspirés de ces
faits divers, relayés par les médias et qui choquent l’opinion sans que
l’on parvienne à en déchiffrer la signification, ces premiers films de
Michael Haneke paraissent tout aussi dérangeants que les faits qu’ils
relatent, par la froideur et la mécanique irrésistible de la violence
qu’ils mettent en scène.
Son premier film présenté en compétition à Cannes, Funny Games
(1997) fait accéder Michael Haneke à la notoriété en même temps qu’il
créé une polémique sur la représentation de la violence au cinéma,
comparable à celle qu’avait suscité Orange mécanique de Kubrick
dans les années 70. Le calvaire de cette famille de bourgeois
autrichiens séquestrée, torturée puis massacrée à l’écran est pour le
spectateur, littéralement pris à témoin par les deux adolescents
sadiques qui commettent le crime, une expérience des plus éprouvantes,
psychologiquement et physiquement. Le dispositif narratif, qui implique
le spectateur dans le déroulement du film, incite à une réflexion
profonde sur la représentation de la violence et les valeurs de la
société occidentale, plus encore que sur la violence elle-même. Les
réactions parfois outrées générées par Funny Games sont autant
de confirmations de la réussite du film aux yeux de son auteur : « Je
trouve cela normal. Quand on vous donne une gifle, vous réagissez ! ». Funny Games illustre
parfaitement le projet artistique de Haneke, qui fait des films pour
provoquer des réactions – quelles qu’elles soient – chez ses
spectateurs, pour qu’ils ne soient plus tout à fait les mêmes après la
projection d’une de ses œuvres ni des « consommateurs » impassibles.
En 2000, il réalise Code inconnu, avec Juliette Binoche, qui confirme l’ambition de Michael Haneke de mettre le spectateur au cœur de ses procédés cinématographiques. Comme l’indique le titre, le film demande la participation active du spectateur auquel est présenté un puzzle narratif dont il doit déchiffrer lui-même le sens pour en regrouper les pièces. Film simulacre, Code inconnu approfondit la question de la difficulté de communication entre les êtres et pour chacun de trouver sa place dans la société.
C’est avec La Pianiste (2001), avec Isabelle Huppert
et Benoît Magimel, que Michael Haneke connaît la consécration (Grand
Prix du Jury du festival de Cannes et Prix d’interprétation pour
Isabelle Huppert et Benoît Magimel) et son premier grand succès public. Librement adapté d’un roman de Elfriede Jelinek,
ce film sombre met en scène les vices et frustrations d’un professeur
de piano qui sous une apparente froideur est déchirée par la violence de
ses passions les plus enfouies. Conscient de ses effets, le film exerce
une sorte de manipulation jubilatoire des sentiments du spectateur.
En 2005, avec Caché, Michael Haneke retrouve Juliette Binoche pour un autre film qui, comme Code inconnu, repose sur le mystère et l’occultation de son propre sujet, qui est comme « caché » : les fantômes de la guerre d’Algérie. Le film recoupe ainsi formellement une sorte de déni social et d’enfouissement de la mémoire historique de la société française à l’égard de son passé colonial.
Après avoir provoqué les spectateurs
européens en 1997, c’est pour adresser un message au public américain
qu’il réalise dix ans plus tard un remake de Funny Games avec Naomi Watts et Tim Roth.
Pour que le film soit vu aux Etats-Unis, où sa signification prend une
teneur particulière, Haneke sait qu’il doit être réalisé en langue
anglaise, avec des acteurs connus du « grand public ». Il reprend ainsi
plan par plan à l’attention du public américain ce grand film théorique
dans lequel il s’ingénie à déconstruire la représentation de la violence
et à déjouer les réflexes moraux des spectateurs.
En 2009, Haneke retrouve sa langue maternelle avec Le Ruban blanc,
qui donne une autre profondeur historique à sa réflexion sur les
origines de la violence, en l’occurrence celle du nazisme. Le film fait
écho aux théories de l’école de Francfort qui expliquent les origines du
nazisme, entre autres causes, par les rigueurs de l’éducation
protestante et de l’autoritarisme patriarcal dans les familles
allemandes au début du XXe siècle. Tourné en noir et blanc, Le Ruban blanc
met en scène un village allemand en 1913, théâtre d’accidents
mystérieux qui révèlent la violence domestique de ses habitants et
notamment de ses enfants, qui se débattent et se mutilent, en dépit ou à
cause de la pression des autorités morales et religieuses qui
s’exercent sur eux. Le film reçoit la Palme d’or à Cannes et consacre
Michael Haneke comme l’un des plus importants cinéastes européens
d’aujourd’hui.
En remettant le titre de docteur honoris causa
à Michael Haneke, Paris 8 rend ainsi hommage à l’une des plus fécondes
œuvres du cinéma européen, à un cinéaste qui allie un traitement
provocateur des problématiques sociétales contemporaines à une
esthétique exigeante et une réflexion pénétrante sur la place des images
dans la société. Michael Haneke, qui enseigne à l’Académie de cinéma de
Vienne, est à la fois un artiste et un grand connaisseur de l’art
cinématographique dont il contribue à renouveler tant la théorie que la
pratique. En accueillant ce cinéaste francophone et francophile dans sa
communauté universitaire, l’université reçoit un auteur majeur et un
grand humaniste dont les engagements trouvent un écho puissant à Paris
8.
Entrée libre
Contact : service.communication@univ-paris8.fr
Pour en savoir plus sur l’année du cinéma : www.cinema2012.univ-paris8.fr
Événements passés
11 mai 2012
: 15h36
- 16h36
Affiche
En remettant le titre de docteur honoris causa à Michael Haneke, cinéaste, scénariste et metteur en scène autrichien, Paris 8 rend ainsi hommage à l’une des plus fécondes œuvres du cinéma européen.
Amphi X