Terreur


Patrick Brasart et Patrick Wald Lasowski (coordonné par)

Numéro 198 de la revue Littérature, revue publiée par Armand Colin/Dunod éditeur, et le Département de littérature française de l’université Paris 8 Vincennes Saint-Denis.

Mimésis et Diégésis, en leurs fondations mythiques, s’appuient sur la terreur, du conte féérique tissé de terrifique, à la tragédie grecque, placée sous l’égide de « phobos » comme d’« eleos » : et toute « éclairée » qu’elle se veuille, la littérature des Lumières aura elle-même à composer avec ces forces ténébreuses, dont elle renouvellera l’analyse. Jusqu’où la critique peut-elle accompagner les œuvres lorsqu’elles rencontrent, affrontent, défient ces puissances ?Mais voici le temps des assassins, où l’artisanat du crime, fût-il en série, et si méticuleux qu’il soit dans l’horreur, sera dépassé de très loin par la folie industrialisée du meurtre de masse, dont des États criminels, les plus froids des monstres froids, se feront les organisateurs non feints. Au-delà des massacres de l’histoire, dictatures et génocides du XXème siècle se seront distingués dans leur capacité à faire naître et répandre l’effroi. Surpassant, par surcroît, la nature et ses puissances de destruction, sismiques, volcaniques, cycloniques, épidémiques, pandémiques, les progrès indéfinis de la culture technique accréditent à nouveau l’angoisse de la fin des temps, soit par rupture inopinée de l’équilibre de la terreur (atomique), soit par dérèglement écologique généralisé, couronnement terrifiant de l’ingéniosité humaine. En attendant la fin du monde, prolifèrent les fanatismes terroristes qui voudraient la hâter, semant la mort et le chaos au nom d’idéologies meurtrières, au nom de l’avènement d’un ordre absolu, ennemi implacable de la liberté humaine.

Travail de l’expression, au-delà de la représentation : un défi, une expérience extrême de l’écriture, à laquelle s’est d’ailleurs vouée une part importante de la littérature du XXème siècle.… La terreur qui est dans la langue… La terreur qu’est la langue elle-même... La littérature, inculpée parfois de complaisance, de jeu trouble avec une terreur qui fascine autant qu’elle révulse, et pourtant puissance irremplaçable de résistance, et de résilience.

Date de parution : juin 2020

Éditeur : Armand Colin/Dunod éditeur - Revue : Littérature - ISBN : 978-2-200-93307-4

Sommaire
 PATRICK BRASART, PATRICK WALD LASOWSKI
Avant-propos
 JEAN-PAUL SERMAIN
Horreur agréable et terreur sublime, deux visions poétiques anglaises du conte de fées français au XVIIIe siècle
 OUAFAE EL MANSOURI
Une passion équivoque : penser la terreur tragique sous l’Ancien Régime
 LYDIA VASQUEZ
Marie-Jeanne Roland : une âme forte au milieu des Pygmées
 PATRICK BRASART
L’Opéra des enfers : langue, éloquence et Terreur dans le Nouveau Paris de Louis-Sébastien Mercier
 ANITA LAVERNHE-GROSSET
Damnatio memoriae
 PATRICK WALD LASOWSKI
Puissances de mort
 IAN GEAY
Je dis : « cette pute », du procès de la terreur en littérature
 FRANÇOIS BERQUIN
Le petit théâtre de la Terreur. Notes désaccordées sur Paul Morand
 DOLORÈS LYOTARD
D’une volte-face à la terreur : le regard de Roland Barthes
 ZINEB ALI-BENALI
Algérie, le théâtre de la terreur
 ELARA BERTHO, XAVIER GARNIER, ALINE MARCHAND, MARTIN MÉGEVAND
Tombeaux éphémères. Quatre pistes d’étude des archives des attentats de Paris

À consulter sur le site de l'éditeur

https://www.revues.armand-colin.com/lettres-langues/litterature/litterature-no198-22020

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