1mois/1expo : Alice Savio - Mai 2023



Mis à jour le 21 avril 2023
Je m’appelle Alice Savio, j’ai 22 ans et je suis italienne. J’assiste à la troisième année de peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Brera à Milan.
 
J’ai commencé à m’intéresser à la photographie à l’âge de 13 ans lorsque mes oncles m’ont offert mon premier appareil photo pour pouvoir m’essayer à la photographie naturaliste compte tenu de ma forte passion pour le birdwatching. En pratiquant, j’ai immédiatement montré de l’intérêt pour d’autres sujets que les animaux ; j’ai souvent photographié mes amis au fil des ans, les villes que j’ai visitées et en particulier les paysages, principalement naturels et de montagne ; je m’intéresse à la photographie de voyage, de reportage et à la photographie d’auteur. Au fil des années, j’ai progressivement appris à tirer le meilleur parti de l’appareil photo et en 2019 je me suis inscrit à un cours de photographie pour débutants organisé par le club photographique de ma ville.
 
Après avoir obtenu mon diplôme d’école d’art en 2020, j’ai décidé de poursuivre mes études dans le domaine artistique en m’inscrivant à l’Académie des Beaux-Arts de Brera. Pendant la première année du cours, m’étant accordée une grande liberté dans le médium, j’ai décidé d’expérimenter en partant du dessin en passant par la sculpture et en arrivant à la photographie.
 
En deuxième année, j’ai participé au programme Erasmus+ et j’ai vécu six mois à Paris en fréquentant l’université Paris 8 où j’ai pu suivre des cours intéressants sur des sujets auxquels je n’avais jamais été confronté dans le domaine académique et j’ai également eu l’occasion d’interfacer avec une didactique très différente de celle des universités italiennes qui m’a poussé à revoir mes idées sur l’éducation et les méthodes d’apprentissage.
 
L’expérience Erasmus m’a donc beaucoup fait mûrir, tant d’un point de vue académique que d’un point de vue humain et social. En conséquence, au cours des derniers mois, j’ai acquis une plus grande sensibilisation sur divers sujets liés à la crise climatique, au féminisme et à l’anticapitalisme. En fait, pour ma thèse, je me concentre sur la problématique Autostrada Pedemontana Lombarda, la plus grande autoroute actuellement en construction en Europe qui menace de détruire la plupart des espaces verts au nord de Milan.
 
Après l’obtention de mon diplôme, j’aimerais suivre un cours de photographie de deux ans pour pouvoir me spécialiser dans le médium que j’ai toujours préféré, avec l’espoir de pouvoir un jour travailler avec ma passion.

In montagna


En plus de la passion pour la photographie, j’ai cultivé un grand intérêt pour la montagne depuis mon enfance.
 
Cette passion m’a certainement été transmise par mon père. J’ai beaucoup de souvenirs de promenades avec lui dans les bois et d’endroits merveilleux que nous avons explorés ensemble. J’ai toujours aimé passer du temps dans la nature, mais j’ai toujours eu un mauvais rapport avec la fatigue, je ne voulais pas que les grosses pentes me mettent en difficulté, j’abandonnais facilement. Tout au long du lycée, j’ai mis de côté la montagne et le trekking jusqu’à l’été 2020, j’ai décidé de parcourir un chemin avec mes meilleurs amis que j’avais déjà parcouru une dizaine d’années plus tôt avec mon père, atteignant le sommet. Après cette marche fatigante, j’ai redécouvert ma passion pour la montagne. Depuis cet été, j’ai commencé à faire du trekking fréquemment : je me souviens que c’était comme être à nouveau un enfant et rentrer à la maison.
 
Chaque fois que je marche sur un chemin, je collectionne de beaux souvenirs et de peur qu’ils ne s’estompent avec le temps, j’essaie toujours de les immortaliser avec des images. Désormais, emmener mon appareil photo le long des sentiers est devenu une habitude : dans ces cas, les images que je crée ne sont jamais étudiées ou préméditées ; ce sont tous des clichés nés dans le but de figer des moments qui ne reviendront jamais et garderont leur unicité pour toujours.
 
Les photos de cette série ont été prises en analogique et en numérique. Dans les deux cas, les images dépeignent des scènes simples et la légèreté avec laquelle elles ont été créées rappelle beaucoup le désengagement typique des photographies analogiques de nos parents, qu’ils ont prises pour se souvenir.
 
Il y a quelque chose de nostalgique dans le fait d’atteindre un sommet : à chaque fois que cela m’arrive, je ne sais jamais si ce sera ma dernière fois à cet endroit ou si j’aurai la chance d’y retourner. Souvent, avant de descendre, je regarde autour de moi une dernière fois et je salue “ciao ciao" comme un enfant qui s’attache à un lieu de passage mais qu’elle considère toujours comme un ami.
 
S’intéressant à la montagne, j’ai aussi récemment essayé de mieux comprendre la dynamique de notre relation avec elle. En lisant quelques essais d’Arne Naess, le célèbre philosophe norvégien, j’ai été frappé par ce qui me semble maintenant une pensée presque évidente : "Il s’agit de choisir entre un concept "d’environnement" comme fond inerte de faits bruts, sur lequel se déroule l’événement humain et un concept de "nature" comme un tout plus vaste dont les êtres humains font généalogiquement et constitutivement partie”.
 
Par rapport à ma façon de vivre la montagne enfant, je reconnais donc aujourd’hui que celle-ci ne doit pas être considérée comme un lieu à part et n’existe pas en fonction de nos besoins et nos attentes mais constitue plutôt un système dont nous devrons être partie harmonieusement, sans l’exploiter d’aucune façon.

Recevez les actualités de l’université Paris 8