1mois/1expo : Erik Sémashkin - Décembre 2023



Mis à jour le 6 décembre 2023
Alors que Paris démantèle les derniers bidonvilles d’Ile-de-France pour préparer les Jeux Olympique 2024, au sein de la petite capitale Serbe, Belgrade, (qui compte déjà deux fois plus d’habitants dans ces installations), le nombre de ces foyers a doublé ces dernières années. Le taux d’extrême pauvreté passe un nouveau cap après la crise sanitaire et la guerre en Ukraine.
 
Actuellement étudiant en cinéma à l’université Paris 8, j’ai déjà pu réaliser divers courts métrages et séries photographiques sur le thème de la surconsommation et de l’immigration, mais ces travaux restent une représentation abstraite de la réalité et s’approchent parfois de l’élitisme. En parallèle, j’ai pu découvrir grâce à ma compagne, ce qu’était à l’époque la capitale de l’ex-Yougoslavie, Belgrade, entretemps devenue capitale de la Serbie. Et peut-être par nostalgie de mon pays natal, l’Ukraine, que je n’ai pas revue depuis des années, je me suis rapidement senti lié à la Serbie, par affinité avec sa culture et ses habitants, et ce malgré les relations étroites qu’elle entretient avec la Russie. J’y ai réalisé trois courts métrages sans grand intérêt, mais j’ai eu l’occasion de me rapprocher d’année en année des bidonvilles qui surplombent la ville. La découverte des foyers, la rencontre avec leurs habitants et leur mode de vie, m’ont poussé à leur donner la parole et une visibilité dans le monde. La série photographique Belgrade, a white city est seulement le commencement de mon travail avec cette minorité, je compte y réaliser un documentaire complet prochainement.
 
Pendant le mois de juillet 2023, j’ai photographié quatre bidonvilles, deux en solitaire situés vers le quartier Nouveau Belgrade, et deux autres au Sud-Est de la capitale, cette fois-ci accompagné du Center for Youth Integration, l’un des rares organismes dans la région qui vient en aide à cette population de Roms, qui a principalement immigré du Kosovo durant la dernière Guerre de Yougoslavie, à la fin des années 1990. Ce Centre s’occupe plus spécifiquement des enfants de la rue en les aidant à s’intégrer dans la société. Il faut rappeler qu’une forte discrimination existe envers cette population : « certains parents refusent de scolariser leurs enfants aux côtés des Roms » me confie un des employés du Centre. Cette discrimination engendre depuis des décennies un regroupement et un isolement de cette population, obligeant beaucoup à effectuer des travaux ingrats, parfois illégaux (vols, trafic de drogues, prostitution), et génère une culture de la pauvreté ; violences constantes, consommation de drogues, mariages de mineurs…
 
Enfin, je pense que beaucoup connaissent déjà ces tristes conséquences, durant le visionnage de films sociaux ou en swipant des story Instagram. A chaque fois on représente ces scènes de pauvreté avec une image grisâtre, dénuée de vie, d’action, ce qui est une version de la réalité. Mais je voulais vraiment présenter au sein de ma série photographique les deux facettes, dont une vivante est animée par ces habitants qui ont encore gardé un espoir marqué par de légers sourires, des sourires souvent présents dans la jeunesse à moitié innocente. Un travail documentaire ou une excursion égocentrique dans la pauvreté, ces photos restent une importante trace des conséquences des conflits territoriaux en Europe, ainsi que de la négligence des gouvernements envers la minorité des Roms.
 
Erik Sémashkin - Photographe de la série Belgrade, a white city

Site internet d’Erik Sémashkin

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