Hossein Rajabian expose son travail sur le campus de Saint-Denis au cours du mois de novembre 2025, dans le cadre du dispositif 1mois, 1expo. Réalisateur, écrivain et photographe iranien, sa série « People in the Distance/L’Autre Iran : Montrer ce·lles et ce·ux qu’on ne voit pas » créée un espace de dialogue autour de la mémoire, des marges et du pouvoir des images.
 
Le projet de Hossein Rajabian trouve son origine en 2002, lors de la réalisation d’un documentaire sur des enfants d’un village reculé d’Iran qui, pour la première fois, allaient découvrir la mer. Cette expérience a constitué le point de départ d’une vaste démarche photographique à travers les zones les plus marginalisées du pays : des montagnes d’Alborz aux étendues désertiques du Dacht-e-Lout, des frontières du Sistan-Baloutchistan aux confins de la province du Fars.
 
Au fil de ce parcours, Hossein a rencontré « celles et ceux que l’on ne voit pas », que le pouvoir isole et réduit au silence. « Montrer ce·lles et ce·ux qu’on on ne voit pas » est ainsi un travail de photographie sociale et humaniste, alliant engagement documentaire et exigence esthétique.

A propos de la série

Réalisée en noir et blanc, avec des appareils argentiques et numériques, cette série met en lumière des visages oubliés : ceux des travailleuses et travailleurs saisonniers, de bergers, de tisseuses, d’écoliers ou d’enfants privés d’école et d’eau, de familles vivant dans une extrême précarité. Chaque image est le fruit d’une rencontre authentique, d’un temps partagé et d’une confiance réciproque. Par ce projet, l’objectif de Hossein Rajabian est de réduire les distances géographiques, sociales et symboliques entre ces communautés invisibilisées et le reste du monde.
 
Ce travail a toutefois été brutalement interrompu. En 2013, le photographe a été arrêté par les services de renseignement iraniens. Plus de mille de ces négatifs et fichiers numériques lui ont été confisqués. « C’est que ces clichés donnaient à voir une réalité autre que celle véhiculée par les médias officiels. J’ai alors été emprisonné, torturé, puis contraint à l’exil. » À ce jour, ces archives photographiques ne lui ont jamais été rendues. Cependant, certaines photographies ont pu échapper à la saisie : quelques négatifs, un disque dur, ont été épargnés. Ce sont ces images rares et précieuses qu’il souhaite aujourd’hui partager.
 
À travers cette exposition, Hossein Rajabian propose un témoignage intime et sincère, à la fois esthétique et politique sur l’invisible : des visages, des vies, des luttes silencieuses, mais aussi des paysages abandonnés qui traduisent en creux les fractures sociales.
 
Ce projet se veut aussi un acte de résistance face à la censure visuelle en Iran, une tentative de rendre justice à celles et ceux dont l’existence même est niée : « présenter cette série au sein de l’Université Paris 8, lieu de pensée critique et d’engagement artistique, serait pour moi une opportunité inestimable de créer un espace de dialogue autour de la mémoire, des marges et du pouvoir des images. »
Organisation : pôle événementiel et initiatives étudiantes (DVC)