Paris 8 lauréate de six projets ANR en 2025
Mis à jour le 11 septembre 2025
Cette année, l’université Paris 8 a obtenu six financements de projets ANR : cinq de l’appel à projet générique et un dans l’appel Access ERC. Félicitations aux chercheurs/chercheuses et aux équipes qui ont porté ces projets !
Le projet « Génétique et codicologie pour une philologie numérique des Lumières » (GenCod-18) a pour objet de présenter une démarche originale pour l’étude de la production et de la circulation des idées au XVIIIe siècle. Il propose en effet un modèle de recherche valorisant les aspects génétiques et codicologiques – autrement dit matériels – des manuscrits, en s’appuyant en particulier sur les corpus, considérables pour leur époque, de trois auteurs des Lumières, Montesquieu, Rousseau et Condorcet. À travers les éditions et inventaires numériques réalisés dans le cadre du projet, GenCod-18 vise prioritairement à fournir un nouveau modèle philologique exploitant les indices génétiques et codicologiques pour l’établissement et la diffusion numérique des textes issus de brouillons d’auteurs, afin d’offrir une démarche, qui se fonde sur une longue expérience de recherche collaborative des équipes partenaires, permettant d’identifier les supports et les scripteurs, de dater et classer lettres et brouillons, condition indispensable à l’établissement d’un avant-texte fiable.
Il s’agit donc également de mettre en ligne un « Répertoire des papiers des Lumières » mettant à disposition la documentation nécessaire à l’étude matérielle et génétique des corpus, et rendant accessible à tous les spécialistes du XVIIIe siècle ce nouveau modèle philologique pour l’exploitation numérique des manuscrits. Le projet GenCod-18 permettra en effet d’alimenter une base de données à partir des informations codicologiques sur les supports d’écriture utilisés par les auteurs sélectionnés (dont la production couvre la quasi-totalité du siècle, 1710-1794), qui viendront compléter ou corroborer une typologie des papiers employés comme supports d’écriture par les écrivains déjà en partie constituée, mais encore parcellaire. Ce répertoire proposera ainsi un référentiel inédit aux spécialistes des manuscrits souhaitant exploiter les caractéristiques matérielles de leurs corpus pour élaborer leurs hypothèses génétiques.
Le projet IMAGINART propose d’imaginer et expérimenter des théories et des pratiques artistiques équilibrées pour répondre à la crise écologique, crise qui est à la fois environnementale, sociale et mentale. Pour ce faire, il mobilise deux notions qui sont à même de traverser ces trois registres écologiques, (1) la décroissance des moyens, pensée comme voie pour atteindre une société post-croissante et (2) la soutenabilité des technologies, c’est-à-dire l’invention ou les utilisations de technologies plus pérennes. IMAGINART se centre sur la musique / les arts sonores et les arts visuels numériques, dont les médiums de création sont fortement dépendants de ressources technologiques et énergétiques.
Le projet convoque l’interdisciplinarité, faisant travailler ensemble chercheurs en arts et chercheurs en post-croissance. Il adopte une méthodologie qui croise recherche fondamentale et recherche-création.
Il est composé de 5 WP qui sont interdépendants tout en étant dédiés à des tâches différenciées :
Le projet est coordonné par Makis Solomos (MUSIDANSE, 50% FTE), membre honoraire de l’IUF, Professeur de musicologie à l’université Paris 8, spécialiste de musique contemporaine et d’arts sonores, de la musique de Xenakis, et d’écologie du son et de la musique (son livre Exploring the Ecologies of Music and Sound a paru récemment chez Routledge). Les autres responsables sont : Jean-François Jégo (AIAC/INREV, 25% FTE), artiste-chercheur, Maître de conférences au département Arts & Technologies de l’Image de l’Université Paris 8 ; João Fernandes (CEAC, 25% FTE), artiste-chercheur, Maître de Conférences au département musique de l’université de Lille ; Christine Esclapez (PRISM, 25% FTE), Professeur de musicologie à l’AMU ; Angelos Varvarousis (ICTA-UAB, 17% FTE), spécialiste de décroissance, Senior Researcher Fellow à l’Université de Barcelone.
Les laboratoires impliqués sont : MUSIDANSE (Université Paris 8), spécialisé dans la création musicale ou sonore ; l’équipe INREV du laboratoire AIAC (Université Paris 8), qui expérimente et théorise des recherche-créations sur les relations entre arts visuels numériques et arts vivants ; le CEAC (Université de Lille), qui a comme objectif l’exploration des processus et des formes de création contemporaines ; le PRISM (AMU), compétent en recherche-création et épistémologie des interactions arts / sciences ; l’Institute of Environmental Science and Technology (ICTA-UAB, Espagne), qui comprend des spécialistes mondiaux de la post-croissance.
Les retombées du projet sont académiques, artistiques, pédagogiques, sociales et écosophiques (conjonction des trois registres écologiques).
Le projet AdoptRisk vise à étudier, dans une perspective socio-historique, les pratiques illicites dans l’adoption nationale et internationale des mineurs en France sur la période 1923-2005. Depuis l’étude historique réalisée en 2022-2023 par des chercheurs du présent projet (Denéchère et Macedo, 2023), on sait que les pratiques illicites dans l’adoption internationale étaient connues et dénoncées par des protagonistes dès les années 1980. En revanche aucune étude historique dédiée n’a été menée jusqu’à présent sur les pratiques illicites dans l’adoption d’enfants français. Depuis les années 2010, les témoignages de personnes adoptées évoquant les conditions douteuses de leur processus d’adoption se multiplient. Une étude permettant de brosser un tableau général du phénomène répondra à cette demande sociale grandissante, en permettant aux personnes concernées d’inscrire leurs histoires personnelles dans un contexte historique fiable.
Sur le plan scientifique, la connaissance des pratiques illicites dans l’adoption se heurte à plusieurs obstacles qu’AdoptRisk entend contribuer à dépasser. Le premier objectif est d’identifier les sources disponibles pour appréhender le phénomène ; le deuxième est d’analyser les pratiques des acteurs impliqués et de repérer les éléments illicites ; le troisième est de proposer une démarche permettant de quantifier le phénomène ; enfin, le quatrième objectif vise à évaluer les effets de la découverte de pratiques illicites sur les personnes adoptées et leurs proches, en interrogeant les redéfinitions potentielles des relations au sein des familles adoptive et de naissance.
En s’appuyant sur des travaux menés et des approches complémentaires des UMR TEMOS, IHTP et LISST, AdoptRisk se situe au croisement de l’archivistique, de l’histoire, de l’anthropologie, de la sociologie et du droit. La réalisation des objectifs du projet nécessite la conception et la mise en œuvre de méthodes à la fois quantitatives et qualitatives. Les résultats de la recherche permettront d’élaborer un catalogue de ressources documentaires à la disposition de la communauté scientifique et seront diffusés tant par les voies académiques que par différents supports accessibles aux personnes concernées et à des publics diversifiés (interventions en milieu scolaire et universitaire, documentaire sonore, documentaire vidéo, exposition, bande dessinée).
Le projet examine l’impact de l’orthographe dans l’apprentissage de mots en langue étrangère (L2), chez des enfants francophones apprenant l’anglais en contexte scolaire. En langue maternelle, l’effet de facilitation orthographique, i.e. une meilleure mémorisation des mots lorsque la forme orthographique est fournie en plus de la forme phonologique lors de l’apprentissage, est bien connu. Lors de l’apprentissage de l’anglais comme L2, les enfants francophones doivent faire face à une orthographe dont les règles de conversion orthographe-phonologie à la fois diffèrent de celles de leur langue maternelle, et sont peu consistantes, c’est-à-dire qu’une même suite orthographique peut s’oraliser de plusieurs manières (EA dans HEAR ou BREAK). L’effet de facilitation orthographique en anglais L2 sera examiné au sein d’une double perspective articulée. Premièrement, les mécanismes liés à cet effet seront étudiés au travers d’expériences conduites en psychologie cognitive. Des études examineront l’impact de la compétence en L2, l’impact de l’instruction préalable des règles de conversion graphème-phonème en L2, et le tempo (simultanéité vs séquentialité dans la présentation des informations phonologiques et orthographique) sur l’effet de facilitation orthographique. Une autre série d’études examinera dans quelle mesure des "attentes orthographiques" peuvent être générées en L2. Ces attentes orthographiques, démontrées en L1, pourraient jouer un rôle et nous aider à comprendre le rôle de l’orthographe dans l’apprentissage lexical en L2. Deuxièmement, les travaux des didacticiens, spécialistes de l’enseignement de l’anglais, dresseront dans un premier temps l’inventaire des pratiques pédagogiques en classe lié à cette question, et étudieront la façon donc les enseignants pourront s’approprier dans des situations de classe l’enseignement des correspondances entre orthographe et phonologie en anglais, et en tester l’efficacité dans des situations réelles de classe.
Dans un contexte de croissance rapide de l’enseignement privé dans son ensemble et de tension à l’entrée dans l’enseignement supérieur, le projet RePrive étudie la place inédite qu’occupe le secteur privé dans le nouvel état des systèmes scolaires secondaire et supérieur français. Le projet interroge des résultats fondamentaux mais désormais datés sur l’enseignement privé, en pensant ensemble les transformations de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur. Il se distingue par la place qu’il accorde à des pans méconnus de l’enseignement privé.
Quatre objectifs sont poursuivis : (1) Faire l’état des lieux des spécificités démographiques et morphologiques de l’enseignement privé et de ses différences avec le secteur public, du secondaire au supérieur, en étudiant les publics scolaires (élèves et étudiant.es), les enseignant.es, les établissements et les parcours scolaires ; (2) Analyser les déterminants et effets du recours aux collèges privés dans le contexte de la troisième explosion scolaire ; (3) Étudier les effets des réformes du baccalauréat professionnel, du « lycée » (général) et de Parcoursup sur l’inscription dans l’enseignement privé au lycée ; (4) Appréhender l’essor historique de l’enseignement supérieur privé, en croisant une étude de l’offre de formation et l’analyse des logiques d’orientation des étudiant·es.
Le projet se déclinera en 5 tâches, à laquelle s’ajoute une tâche de coordination. Ces tâches sont articulées entre elles, par la mise en commun de matériaux et par le partage d’analyses. Elles sont également pensées pour être opérationnelles, grâce à des responsables spécialisés des domaines concernés et impliqués dans les diverses activités de la tâche. Elles sont enfin organisées en impliquant à chaque fois des analyses couvrant les enseignements secondaire et supérieur (sauf la tâche 5), afin de garantir les comparaisons et analyses croisées entre les différents niveaux du système éducatif. Ces tâches impliqueront de (1) quantifier le rôle du privé dans les parcours scolaires des élèves au moyen des panels 2007, 2011 et 2023 de la DEPP, des données individuelles de Parcoursup, appariées avec les bases SISE et Post-Bac et de l’enquête Conditions de vie de l’OVE ; (2) enquêter auprès de parents, élèves et étudiant.es ayant choisi le privé au moyen d’entretiens réalisés sur différents niveaux et dans une variété de contextes ; (3) saisir les évolutions différenciées des corps enseignants dans le public et le privé grâce à une enquête originale auprès des candidat.es aux concours et une analyse inédite de l’Enquête Emploi ; (4) analyser le rôle et les effets du privé dans différents « espaces sociaux localisés » (le Sud de l’Île-de-France et particulièrement Antony-Châtenay-Malabry et Villejuif ; La Réunion ; Lyon ; et Angers) ; (5) créer une typologie de la place (nouvelle) de l’offre privée dans les formations postbac en croisant différentes sources et indicateurs. Ensemble, les travaux conduits rendront compte des rôles et effets de l’enseignement privé sur les conditions de scolarisation, la ségrégation et les parcours scolaires, mais aussi l’organisation de l’enseignement public. L’équipe est composée, outre J. Cayouette-Remblière, chercheuse INED et porteuse du projet, de 5 enseignant·es chercheur·es titulaires et 4 doctorant.es financé.es qui bénéficieront d’une insertion dans le collectif de recherche et participeront à la mutualisation des matériaux. Elle sera complétée d’un.e post-doctorant.e impliqué.e dans les enquêtes localisées, d’un.e doctorant.e qui s’attachera à la question de l’enseignement privé en voie professionnelle et d’un.e chargé.e d’études en charge des appariements complexes au sein des bases de données. Le projet contribuera à éclairer une question sociale particulièrement saillante dans le débat public (cf. la couverture presse de l’ouvrage de Claire Marchal, la question de la ségrégation sociale des collèges privés et celle de la place du privé dans Parcoursup).
Cette recherche en relations internationales historiques étudie l’émergence de l’ordre nationaliste dans le monde en analysant comment les images fraternelles ont façonné, légitimé et contesté le nationalisme de 1848 à 1945. Alors que les nations sont souvent caractérisées comme des communautés imaginaires (Anderson 1983), ce projet aborde l’absence de cadre conceptuel pour l’imagination, les imaginaires et les images. En intégrant des idées issues de la philosophie et de l’histoire, il affine ces concepts et explore comment des images politiques spécifiques ont influencé la formation des ordres nationaux et internationaux. L’étude examine comment les images fraternelles, historiquement associées à des moments révolutionnaires, se sont institutionnalisées dans les discours nationalistes et internationalistes. À l’aide de sources d’archives, d’analyses discursives et lexicométriques, elle retrace l’évolution de ces images dans différents contextes idéologiques, temporels et spatiaux. En appliquant une approche de longue durée et de « contextualisme sériel » (Armitage 2012), elle offre la première histoire approfondie d’une seule image politique. Ce projet interdisciplinaire comble les lacunes des relations internationales historiques en abordant la construction nationale parallèlement à la construction de l’État, et en soulignant le rôle des sources visuelles et performatives dans la formation des imaginaires.
- GenCod-18, LED, Nicolas Rieucau : Génétique et codicologie pour une philologie numérique des Lumières
- IMAGINART, MUSIDANSE, Makis Solomos, et AIAC, Jean-François Jégo : Post-croissance et soutenabilité : imaginer et expérimenter des modèles artistiques équilibrés
- AdoptRisk, IHTP, Antoine Rivière : L’adoption des mineurs en France au risque des pratiques illicites. Échelles nationale et internationale, 1923-2005
- LEXENOR, Transcrit, Marie-Pierre Jouannaud, Apprendre et enseigner des mots en anglais langue seconde : le rôle de l’input orthographique chez les enfants d’âge scolaire
- RePrive, CRESPPA, Caroline Bertron, Explorer les rôles et effets de l’enseignement privé en France
- BOBIFC (Access ERC), porteur Arthur Duhé, superviseure Florence Hulak, CRESPPA : Des bandes de frères : institutionnaliser des communautés fraternelles
GenCod-18, LED, Nicolas Rieucau : Génétique et codicologie pour une philologie numérique des Lumières
Le projet « Génétique et codicologie pour une philologie numérique des Lumières » (GenCod-18) a pour objet de présenter une démarche originale pour l’étude de la production et de la circulation des idées au XVIIIe siècle. Il propose en effet un modèle de recherche valorisant les aspects génétiques et codicologiques – autrement dit matériels – des manuscrits, en s’appuyant en particulier sur les corpus, considérables pour leur époque, de trois auteurs des Lumières, Montesquieu, Rousseau et Condorcet. À travers les éditions et inventaires numériques réalisés dans le cadre du projet, GenCod-18 vise prioritairement à fournir un nouveau modèle philologique exploitant les indices génétiques et codicologiques pour l’établissement et la diffusion numérique des textes issus de brouillons d’auteurs, afin d’offrir une démarche, qui se fonde sur une longue expérience de recherche collaborative des équipes partenaires, permettant d’identifier les supports et les scripteurs, de dater et classer lettres et brouillons, condition indispensable à l’établissement d’un avant-texte fiable.
Il s’agit donc également de mettre en ligne un « Répertoire des papiers des Lumières » mettant à disposition la documentation nécessaire à l’étude matérielle et génétique des corpus, et rendant accessible à tous les spécialistes du XVIIIe siècle ce nouveau modèle philologique pour l’exploitation numérique des manuscrits. Le projet GenCod-18 permettra en effet d’alimenter une base de données à partir des informations codicologiques sur les supports d’écriture utilisés par les auteurs sélectionnés (dont la production couvre la quasi-totalité du siècle, 1710-1794), qui viendront compléter ou corroborer une typologie des papiers employés comme supports d’écriture par les écrivains déjà en partie constituée, mais encore parcellaire. Ce répertoire proposera ainsi un référentiel inédit aux spécialistes des manuscrits souhaitant exploiter les caractéristiques matérielles de leurs corpus pour élaborer leurs hypothèses génétiques.
IMAGINART, MUSIDANSE, Makis Solomos, et AIAC, Jean-François Jégo : Post-croissance et soutenabilité : imaginer et expérimenter des modèles artistiques équilibrés
Le projet IMAGINART propose d’imaginer et expérimenter des théories et des pratiques artistiques équilibrées pour répondre à la crise écologique, crise qui est à la fois environnementale, sociale et mentale. Pour ce faire, il mobilise deux notions qui sont à même de traverser ces trois registres écologiques, (1) la décroissance des moyens, pensée comme voie pour atteindre une société post-croissante et (2) la soutenabilité des technologies, c’est-à-dire l’invention ou les utilisations de technologies plus pérennes. IMAGINART se centre sur la musique / les arts sonores et les arts visuels numériques, dont les médiums de création sont fortement dépendants de ressources technologiques et énergétiques.
Le projet convoque l’interdisciplinarité, faisant travailler ensemble chercheurs en arts et chercheurs en post-croissance. Il adopte une méthodologie qui croise recherche fondamentale et recherche-création.
Il est composé de 5 WP qui sont interdépendants tout en étant dédiés à des tâches différenciées :
- le WP 0 est dédié à la gestion et à la coordination du projet ;
- le WP 1 est pensé comme le socle du projet, il est dédié à la recherche fondamentale (et à la recherche-action) : il a pour mission de penser et théoriser les pratiques artistiques post-croissantes et les technologies artistiques soutenables ainsi que de mener une enquête de terrain pour avoir une vue générale de l’état de l’art complétant les développements propres au projet ;
- les WP 2 et 3, dédiés à la recherche-création, sont complémentaires. Le WP 2 consiste en résidences d’artistes invités pensées comme les lieux propices à l’émergence de solutions artistiques équilibrées. A partir des idées qui auront émergé dans le WP 2, le WP 3 se focalise sur les moyens de production artistiques en élaborant et en expérimentant des outils post-croissants et soutenables, puis en réfléchissant aux performances artistiques qui utiliseront ces outils. Ces deux WP dialoguent, tout le long du déroulement du projet, avec le WP 1 ;
- le WP 4 veille à la documentation du projet et à sa dissémination.
Le projet est coordonné par Makis Solomos (MUSIDANSE, 50% FTE), membre honoraire de l’IUF, Professeur de musicologie à l’université Paris 8, spécialiste de musique contemporaine et d’arts sonores, de la musique de Xenakis, et d’écologie du son et de la musique (son livre Exploring the Ecologies of Music and Sound a paru récemment chez Routledge). Les autres responsables sont : Jean-François Jégo (AIAC/INREV, 25% FTE), artiste-chercheur, Maître de conférences au département Arts & Technologies de l’Image de l’Université Paris 8 ; João Fernandes (CEAC, 25% FTE), artiste-chercheur, Maître de Conférences au département musique de l’université de Lille ; Christine Esclapez (PRISM, 25% FTE), Professeur de musicologie à l’AMU ; Angelos Varvarousis (ICTA-UAB, 17% FTE), spécialiste de décroissance, Senior Researcher Fellow à l’Université de Barcelone.
Les laboratoires impliqués sont : MUSIDANSE (Université Paris 8), spécialisé dans la création musicale ou sonore ; l’équipe INREV du laboratoire AIAC (Université Paris 8), qui expérimente et théorise des recherche-créations sur les relations entre arts visuels numériques et arts vivants ; le CEAC (Université de Lille), qui a comme objectif l’exploration des processus et des formes de création contemporaines ; le PRISM (AMU), compétent en recherche-création et épistémologie des interactions arts / sciences ; l’Institute of Environmental Science and Technology (ICTA-UAB, Espagne), qui comprend des spécialistes mondiaux de la post-croissance.
Les retombées du projet sont académiques, artistiques, pédagogiques, sociales et écosophiques (conjonction des trois registres écologiques).
AdoptRisk, IHTP, Antoine Rivière : L’adoption des mineurs en France au risque des pratiques illicites. Echelles nationale et internationale 1923-2005
Le projet AdoptRisk vise à étudier, dans une perspective socio-historique, les pratiques illicites dans l’adoption nationale et internationale des mineurs en France sur la période 1923-2005. Depuis l’étude historique réalisée en 2022-2023 par des chercheurs du présent projet (Denéchère et Macedo, 2023), on sait que les pratiques illicites dans l’adoption internationale étaient connues et dénoncées par des protagonistes dès les années 1980. En revanche aucune étude historique dédiée n’a été menée jusqu’à présent sur les pratiques illicites dans l’adoption d’enfants français. Depuis les années 2010, les témoignages de personnes adoptées évoquant les conditions douteuses de leur processus d’adoption se multiplient. Une étude permettant de brosser un tableau général du phénomène répondra à cette demande sociale grandissante, en permettant aux personnes concernées d’inscrire leurs histoires personnelles dans un contexte historique fiable.
Sur le plan scientifique, la connaissance des pratiques illicites dans l’adoption se heurte à plusieurs obstacles qu’AdoptRisk entend contribuer à dépasser. Le premier objectif est d’identifier les sources disponibles pour appréhender le phénomène ; le deuxième est d’analyser les pratiques des acteurs impliqués et de repérer les éléments illicites ; le troisième est de proposer une démarche permettant de quantifier le phénomène ; enfin, le quatrième objectif vise à évaluer les effets de la découverte de pratiques illicites sur les personnes adoptées et leurs proches, en interrogeant les redéfinitions potentielles des relations au sein des familles adoptive et de naissance.
En s’appuyant sur des travaux menés et des approches complémentaires des UMR TEMOS, IHTP et LISST, AdoptRisk se situe au croisement de l’archivistique, de l’histoire, de l’anthropologie, de la sociologie et du droit. La réalisation des objectifs du projet nécessite la conception et la mise en œuvre de méthodes à la fois quantitatives et qualitatives. Les résultats de la recherche permettront d’élaborer un catalogue de ressources documentaires à la disposition de la communauté scientifique et seront diffusés tant par les voies académiques que par différents supports accessibles aux personnes concernées et à des publics diversifiés (interventions en milieu scolaire et universitaire, documentaire sonore, documentaire vidéo, exposition, bande dessinée).
LEXENOR, Transcrit, Marie-Pierre Jouannaud, Apprendre et enseigner des mots en anglais langue seconde : le rôle de l’input orthographique chez les enfants d’âge scolaire
Le projet examine l’impact de l’orthographe dans l’apprentissage de mots en langue étrangère (L2), chez des enfants francophones apprenant l’anglais en contexte scolaire. En langue maternelle, l’effet de facilitation orthographique, i.e. une meilleure mémorisation des mots lorsque la forme orthographique est fournie en plus de la forme phonologique lors de l’apprentissage, est bien connu. Lors de l’apprentissage de l’anglais comme L2, les enfants francophones doivent faire face à une orthographe dont les règles de conversion orthographe-phonologie à la fois diffèrent de celles de leur langue maternelle, et sont peu consistantes, c’est-à-dire qu’une même suite orthographique peut s’oraliser de plusieurs manières (EA dans HEAR ou BREAK). L’effet de facilitation orthographique en anglais L2 sera examiné au sein d’une double perspective articulée. Premièrement, les mécanismes liés à cet effet seront étudiés au travers d’expériences conduites en psychologie cognitive. Des études examineront l’impact de la compétence en L2, l’impact de l’instruction préalable des règles de conversion graphème-phonème en L2, et le tempo (simultanéité vs séquentialité dans la présentation des informations phonologiques et orthographique) sur l’effet de facilitation orthographique. Une autre série d’études examinera dans quelle mesure des "attentes orthographiques" peuvent être générées en L2. Ces attentes orthographiques, démontrées en L1, pourraient jouer un rôle et nous aider à comprendre le rôle de l’orthographe dans l’apprentissage lexical en L2. Deuxièmement, les travaux des didacticiens, spécialistes de l’enseignement de l’anglais, dresseront dans un premier temps l’inventaire des pratiques pédagogiques en classe lié à cette question, et étudieront la façon donc les enseignants pourront s’approprier dans des situations de classe l’enseignement des correspondances entre orthographe et phonologie en anglais, et en tester l’efficacité dans des situations réelles de classe.
RePrive, CRESPPA, Caroline Bertron, Explorer les rôles et effets de l’enseignement privé en France
Dans un contexte de croissance rapide de l’enseignement privé dans son ensemble et de tension à l’entrée dans l’enseignement supérieur, le projet RePrive étudie la place inédite qu’occupe le secteur privé dans le nouvel état des systèmes scolaires secondaire et supérieur français. Le projet interroge des résultats fondamentaux mais désormais datés sur l’enseignement privé, en pensant ensemble les transformations de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur. Il se distingue par la place qu’il accorde à des pans méconnus de l’enseignement privé.
Quatre objectifs sont poursuivis : (1) Faire l’état des lieux des spécificités démographiques et morphologiques de l’enseignement privé et de ses différences avec le secteur public, du secondaire au supérieur, en étudiant les publics scolaires (élèves et étudiant.es), les enseignant.es, les établissements et les parcours scolaires ; (2) Analyser les déterminants et effets du recours aux collèges privés dans le contexte de la troisième explosion scolaire ; (3) Étudier les effets des réformes du baccalauréat professionnel, du « lycée » (général) et de Parcoursup sur l’inscription dans l’enseignement privé au lycée ; (4) Appréhender l’essor historique de l’enseignement supérieur privé, en croisant une étude de l’offre de formation et l’analyse des logiques d’orientation des étudiant·es.
Le projet se déclinera en 5 tâches, à laquelle s’ajoute une tâche de coordination. Ces tâches sont articulées entre elles, par la mise en commun de matériaux et par le partage d’analyses. Elles sont également pensées pour être opérationnelles, grâce à des responsables spécialisés des domaines concernés et impliqués dans les diverses activités de la tâche. Elles sont enfin organisées en impliquant à chaque fois des analyses couvrant les enseignements secondaire et supérieur (sauf la tâche 5), afin de garantir les comparaisons et analyses croisées entre les différents niveaux du système éducatif. Ces tâches impliqueront de (1) quantifier le rôle du privé dans les parcours scolaires des élèves au moyen des panels 2007, 2011 et 2023 de la DEPP, des données individuelles de Parcoursup, appariées avec les bases SISE et Post-Bac et de l’enquête Conditions de vie de l’OVE ; (2) enquêter auprès de parents, élèves et étudiant.es ayant choisi le privé au moyen d’entretiens réalisés sur différents niveaux et dans une variété de contextes ; (3) saisir les évolutions différenciées des corps enseignants dans le public et le privé grâce à une enquête originale auprès des candidat.es aux concours et une analyse inédite de l’Enquête Emploi ; (4) analyser le rôle et les effets du privé dans différents « espaces sociaux localisés » (le Sud de l’Île-de-France et particulièrement Antony-Châtenay-Malabry et Villejuif ; La Réunion ; Lyon ; et Angers) ; (5) créer une typologie de la place (nouvelle) de l’offre privée dans les formations postbac en croisant différentes sources et indicateurs. Ensemble, les travaux conduits rendront compte des rôles et effets de l’enseignement privé sur les conditions de scolarisation, la ségrégation et les parcours scolaires, mais aussi l’organisation de l’enseignement public. L’équipe est composée, outre J. Cayouette-Remblière, chercheuse INED et porteuse du projet, de 5 enseignant·es chercheur·es titulaires et 4 doctorant.es financé.es qui bénéficieront d’une insertion dans le collectif de recherche et participeront à la mutualisation des matériaux. Elle sera complétée d’un.e post-doctorant.e impliqué.e dans les enquêtes localisées, d’un.e doctorant.e qui s’attachera à la question de l’enseignement privé en voie professionnelle et d’un.e chargé.e d’études en charge des appariements complexes au sein des bases de données. Le projet contribuera à éclairer une question sociale particulièrement saillante dans le débat public (cf. la couverture presse de l’ouvrage de Claire Marchal, la question de la ségrégation sociale des collèges privés et celle de la place du privé dans Parcoursup).
BOBIFC (Access ERC), porteur Arthur Duhé, Superviseure Florence Hulak, CRESPPA : Des bandes de frères : institutionnaliser des communautés fraternelles
Cette recherche en relations internationales historiques étudie l’émergence de l’ordre nationaliste dans le monde en analysant comment les images fraternelles ont façonné, légitimé et contesté le nationalisme de 1848 à 1945. Alors que les nations sont souvent caractérisées comme des communautés imaginaires (Anderson 1983), ce projet aborde l’absence de cadre conceptuel pour l’imagination, les imaginaires et les images. En intégrant des idées issues de la philosophie et de l’histoire, il affine ces concepts et explore comment des images politiques spécifiques ont influencé la formation des ordres nationaux et internationaux. L’étude examine comment les images fraternelles, historiquement associées à des moments révolutionnaires, se sont institutionnalisées dans les discours nationalistes et internationalistes. À l’aide de sources d’archives, d’analyses discursives et lexicométriques, elle retrace l’évolution de ces images dans différents contextes idéologiques, temporels et spatiaux. En appliquant une approche de longue durée et de « contextualisme sériel » (Armitage 2012), elle offre la première histoire approfondie d’une seule image politique. Ce projet interdisciplinaire comble les lacunes des relations internationales historiques en abordant la construction nationale parallèlement à la construction de l’État, et en soulignant le rôle des sources visuelles et performatives dans la formation des imaginaires.