Larha Magassa vit et travaille à Saint-Denis, où il est né en 1992. Étudiant à Paris 8 depuis 2013 en Master 2 Réalisation et création, sa passion précoce pour le cinéma est née dans une chambre de l’hôpital Delafontaine, à un jet de pierre de Paris 8 : atteint d’une maladie génétique, la drépanocytose, depuis la naissance, il a passé de longues heures à regarder des films pour s’évader.
Le tout premier film sur lequel il a travaillé, comme comédien, scénariste et co-réalisateur, s’appelait Générations cités. Issu d’un partenariat avec plusieurs associations et la commune de Saint-Denis, le film dont Larha et les jeunes de la cité Romain Roland ont eu l’idée avait pour objectif de retisser les liens entre les habitants, les jeunes et la police au sein des banlieues. Le film est projeté au Ministère de la Justice, et Larha donne une série de conférences à son propos. Cette première expérience a permis à Larha d’affiner son projet d’études, l’a incité à s’inscrire à Paris 8, et a mûri l’approche qu’il avait du cinéma. En licence, il obtient une mention pour son mémoire Qu’est-ce que le cinéma de banlieue ? dans lequel il analyse La haine, de Mathieu Kassovitz, et les films de Pascal Tessaud, immense inspiration pour lui, notamment, Brooklyn.
Son envie de démocratiser la pratique du cinéma et de restituer les enseignements dont il a bénéficié à Paris 8 le pousse à monter des projets de cinéma participatif. Les films qui en résultent sont pour la plupart tournés à Saint-Denis et avec les habitants de quartiers de la ville. Ouverts à tous, ses tournages donnent l’opportunité à des néophytes, enfants, jeunes ou adultes, de s’initier au cinéma et de créer ensemble. Ils ont même fait naître des vocations.
À l’Université, Larha Magassa a bâti ses connaissances classiques, et aiguisé sa compréhension des enjeux de la réalisation : « le fait d’être réalisateur présente plusieurs dimensions, méthodologiques, intellectuelles, théoriques et le pouvoir du cinéma à sensibiliser... Toutes ces dimensions, je les ai saisies à Paris 8, après avoir compris toutes les richesses que la ville de Saint pouvait m’apporter : construire ce que tu veux dire, comment tu veux le dire, à quel public tu veux le dire ». Ce sont les maîtresses de conférences et réalisatrices Céline Gailleurd et Eugénie Zvonkine (directrice de projet) qui lui apprennent la nécessité de s’emparer du décor ; c’est à travers ces enseignements qu’il élabore son regard sur la banlieue, qu’il filme comme un personnage à part entière. En apportant un autre regard, nourri par ce qu’il a appris et découvert : « Mon genre de prédilection est l’expressionnisme, dont j’ai découvert l’existence dans un cours de Prosper Hillairet à l’Université ».
Lorsqu’il organise un tournage participatif, les enfants de son quartier commencent par lui parler de films qui lui paraissaient problématiques : « Je ne voulais pas verser dans les clichés sur la banlieue, je voulais leur faire découvrir autre chose ». Il leur montre des films de Buster Keaton et leur propose de réaliser un film muet, en noir et blanc : Carton Rouge, premier film d’une série intitulée Burlesque en banlieue, qui sera primé au festival du film de Saint-Germain-en-Laye et sélectionné au Festival Ciné Banlieues. Ce film fait repérer un des jeunes acteurs qui est casté pour jouer le rôle d’un autre dyonisien, Kool Shen, rappeur du groupe NTM, tandis qu’un autre jeune jouera dans un prochain projet du réalisateur Mohamed Hamidi.