RNTSGF : Réception de la Nouvelle Typographie dans les scènes graphiques francophones : rejets, adoptions, renégociations (1925–1979)


Ce projet de recherche collaboratif international s’intéresse à la réception des principes de la Nouvelle Typographie dans les scènes graphiques francophones, et dresse une cartographie de ses rejets, adoptions et renégociations au cours de la période 1925-1979. Il part de l’hypothèse que les principes graphiques énoncés par Jan Tschichold dans ses premiers travaux sont à la fois formels et politiques, et que les débats virulents qu’ils ont suscités, comme dans le contexte germanophone, éclairent de manière originale le contexte international de l’époque. La diffusion et l’adoption de tels principes ne se sont pas opérées sur les différentes scènes linguistiques et nationales de la même manière et au même moment. Le déficit historiographique général sur le graphisme, en particulier dans une telle perspective transnationale, rend cette étude nécessaire pour en comprendre non seulement les sources et les motivations profondes, mais aussi les effets encore perceptibles aujourd’hui dans un héritage typographique insuffisamment interrogé. L’examen des conditions d’adoption ou de rejet de la Nouvelle Typographie dans les scènes francophones, les reliera à différents contextes socio-politiques, en visant une révision du canon historiographique.

Le projet identifie deux étapes dans la réception de la Nouvelle Typographie : l’émergence des principes à travers deux publications fondatrices de Jan Tschichold, la migration des protagonistes et la diffusion des valeurs (1925-1949), et la diffusion d’un style international à grande échelle (1950-1979). Il est divisé en quatre chantiers thématiques, comprenant 14 études de cas sur les scènes française, suisse et belge dans leurs différentes imbrications. Le premier chantier thématique est consacré aux « Revues », vecteurs de diffusion d’idées et d’images. Deux études de cas comparent le discours de plusieurs revues et magazines professionnels français et suisses au-delà des barrières nationales. Le deuxième chantier est axé sur le « Matériel typographique » : il analyse la production des fonderies en tant que vecteurs de diffusion des principes de design. Quatre études de cas examinent les stratégies des fonderies françaises dans l’adoption et la production de caractères modernes. Le troisième chantier est consacré aux « Réalisations » : grands projets, identités visuelles et expositions. Il développe trois études de cas de projets ayant une visibilité internationale ou produits par des équipes internationales, tels que l’Expo 1937 à Paris, l’Expo 1958 à Bruxelles et les systèmes signalétiques développés par des designers suisses pour des institutions nationales françaises. Le quatrième chantier est centré sur les « Personnes » : leurs migrations, leurs pratiques et leurs enseignements. Il développe cinq études de cas sur des figures pionnières (Vox, van de Velde, Baudin), des expériences croisées entre France et Suisse (Devillers, Petit, Club français du livre, Guilde du livre de Lausanne), des associations professionnelles (AGI, ATypI, Rencontres de Lure), la communauté des graphistes suisses à Paris, et des figures de la contre-culture opposée au style international.

A partir de ces résultats, le projet retrace l’évolution du graphisme entre les scènes francophones d’Europe continentale, en mettant l’accent sur les relations internationales. Les domaines thématiques partagent une méthodologie commune de triangulation de l’analyse de réseau, de l’histoire orale et de l’analyse du matériel visuel et textuel pour créer des lectures comparatives des développements du design dans la période. Le projet éclaire des parts de l’histoire du design insuffisamment explorées, en élargissant le canon de l’historiographie dans une perspective transnationale. Il est développé par une équipe mixte composée de membres français et suisses et produit : une conférence internationale, plusieurs articles scientifiques, une publication monographique conjointe, le concept d’une exposition et un site web.

Le projet est coordonné par Catherine De Smet (AIAC).

Le projet a débuté en décembre 2024 pour une période de 48 mois.

> Lien vers le projet

À lire aussi

Recevez les actualités de l’université Paris 8